lundi 23 décembre 2013

Où est l'esprit du grand Jaurès?

Je sais, Jaurès n'était pas plus communiste qu'Hollande n'est socialiste; Il n'empêche que ce bourgeois républicain et non-violent fit plier le capitalisme lors de la " grande grève des mineurs de Carmaux " au profit de mineurs niés dans leurs droits, alors qu'il n'était même pas encore socialiste!

Et vous, communistes officiels, imbattables sur le sujet des luttes des classes, tractant inlassablement contre l'injustice sociale et les salaires de misère, vous rejoignez sans honte le camp de ceux qui n'ont de cesse de vous humilier, à défaut d'avoir à vous combattre?

Appelés à vous prononcer dans la perspective des élections municipales de 2014, vous, militants communistes, choisissez de rejoindre le camp de ceux qui, selon votre propre parti, "prolongent et amplifient l’échec creusé par dix ans de politiques de droite", à Paris, Toulouse, Nantes, Rennes, Reims, Grenoble, Saint-Etienne, Perpignan, Angers, Brest, Amiens, Villeurbanne et Tours...

Il y a à peine deux ans, pour les élections présidentielles, vous marchiez bras dessus-bras dessous avec vos camarades du Front de Gauche. A l'élection suivante, vous leur tournez le dos et leur donnez rendez-vous à l'échéance européenne. Vous trahissez ignoblement l'esprit d'unité et de camaraderie qui a fait la force de vos anciens, et sans lesquels les "petites" gens n'auraient jamais obtenu les congés payés et la  sécurité sociale, et vous espérez que  cette "parenthèse" sera bien vite refermée, une fois l'obole socialiste parcimonieusement accordée à quelques-uns de vos élus?

"Le propos est exagéré", me direz-vous." Pire, il est offensant! Comment pouvez-vous croire que  nos élus privilégient leur destin individuel au détriment de notre programme".

En effet, il est offensant pour ceux des communistes qui ont fait le choix de la loyauté à leurs camarades du Front de Gauche, et de la fidélité au programme "l'Humain d'Abord".

Pour les autres, je ne crois rien, je constate.

J'observe que le Front de Gauche est pour vous une option parmi d'autres, et que la gamelle au fond de la niche socialiste suffit à vous en détourner.

J'observe que vous manquez de convictions, pour vous réfugier ainsi dans le giron confortable d'un parti qui vous bâillonne.

J'observe que vous avez perdu le lien avec le peuple, et que vous le livrez ainsi à l'abstention ou au vote "protestataire".

J'observe que dans les grandes villes, ceux d'entre vous qui ont choisi l'alliance avec le PS seront, une fois élus, redevables de leur mandat. Seuls les autres seront libres de leur parole.

Militer dans un parti n'est pas anodin. Militer au PC et faire le jeu du PS, aussi "social" soit-il dans certaines communes, ne peut aboutir qu'à des compromis défavorables. Si leur programme vous avait convenu, vous auriez milité pour eux. Si vous avez fait un autre choix, c'est que vous refusiez la droitisation d'un parti dont les dirigeants actuels se moquent des valeurs de gauche. Mais qu'en sera-t-il lorsque vous siègerez auprès d'eux?

Votre parole sera suspecte, entachée d'une mésalliance originelle dont vous serez la première victime, mais qui entrainera tous ceux qui vous auront innocemment fait confiance. Ne vous bercez pas de certitudes quant à votre capacité à résister aux forces de l'oligarchie: vous venez de céder à ses attraits...

Songez aux salariés qui devront travailler, comme autrefois, jusqu'à leur mort, tandis que leurs légitimes pensions s'entassent dans de ravissants paradis fiscaux.

Songez à ces femmes seules, élevant leurs enfants dans un logement à peine décent, tandis que l'investissement public part dans les caisses toujours trop étroites de sociétés d'autoroutes privatisées.

Songez encore à ces chômeurs, jeunes et vieux, désespérés de (re-)trouver un emploi et sombrant progressivement dans le désespoir, tandis que les banques, championnes de l'optimisation fiscale internationale, perfectionnent leurs outils au profit de quelques privilégiés jamais satisfaits.

Vos alliés aux municipales vont-ils combattre les paradis fiscaux? Vont-ils nationaliser les biens publics essentiels? Vont-ils lutter pour une justice fiscale raisonnable?

Peut-être, mais seulement si le rapport des forces politiques le leur impose. Seulement s'ils entrevoient le risque de tout perdre. Seulement si, à bout de patience, le peuple en colère se soulève et réclame ses droits. Seulement si ses véritables représentants, forts de leurs convictions et de leur légitimité, font basculer les scrutins. Car tant qu'ils pourront contrôler les revendication sociales en muselant leur expression dans les assemblées, dans les médias et dans les esprits, ils continueront d'augmenter leurs richesses en créant la misère.

Bien sûr vous n'y croyez pas. Heureusement, des gens comme Jaurès y ont cru, à une époque, il y a cent ans, où les combats, contre les mêmes ennemis, étaient autrement plus âpres:
Dans notre société, où le pouvoir politique est nécessairement l’expression du pouvoir économique et où il n’y a d’autre puissance que celle de l’argent, les grands banquiers et les spéculateurs qui ont capté dès le début les sources de l’argent, ont capté par cela même les sources de la puissance. Jean Jaurès, 1894.
Alors, en effet, les municipales 2014 ne seront qu'un tout petit épisode dans l'histoire des résistances sociales. Grâce à vous et aux autres conformistes, elles ne changeront rien au sort des 8 millions de pauvres en France, ni au milliers de suicides, ni aux salaires insuffisants, ni...

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