mardi 24 décembre 2013

Joyeux Noël!

En cette période de fêtes, il faut se réjouir et faire preuve de compassion. C'est la tradition. Chrétienne pour certains, familiale pour la plupart, consumériste en tous cas.

Ce peut être aussi le moment de faire le point sur l'année écoulée, et de prendre de nouvelles résolutions que l'on s'empressera bien vite d'oublier, repris par le flux incessant des objectifs, des obligations et de la lutte quotidienne que mènent les "petites" gens pour aborder le lendemain.

Pour ma part, je m'interroge sur ce qui a retardé encore cette année la progression de l'Humain d'Abord. Pour être plus honnête, je devrais m'interroger sur ceux qui ont permis la régression des droits des plus faibles, au profit de leurs propres avantages, réels ou perçus.

Car ce n'est pas en période de liesse qu'il faut se voiler la face. Faire bombance, mais rester lucide! C'est ainsi que je perçois cette fin d'année. Bientôt, deux mille treize s'achève, et s'éteint le chant de la grève.

Sous les coups de ces seigneurs de la finance, dont nos dirigeants ne sont que
les porte-glaive grassement rémunérés. Riches, mais jamais assez. Dans ce milieu, quand vous possédez une villa sur la Côte d'Azur, vous trouvez bien vite que les hivers y sont trop frais. Quand vous investissez aux Caraïbes, vous trouvez les distances trop longues. Quand vous achetez un "jet", votre plaisir n'est complet que s'il est complété d'un "yacht". Et ainsi de suite, comme un enfant mal élevé que vous êtes. A force de vous élever, de vous protéger et d'imposer votre volonté, vous perdez tout sens humain, et justifiez vos exactions par l'incapacité des autres à vous égaler.

Bien sûr, rien ne serait possible à ces quelques magnats et héritiers, sans une horde d'obséquieuses cohortes, prêtes à toutes les compromissions morales pour servir leur maîtres et se hisser sur de confortables talonnettes. C'est ce que l'on appelle les élites, présentées au bon peuple comme les modèles de l'ascenseur social, l'aboutissement du rêve américain, ou tout autre dénomination par laquelle on justifie toutes les inégalités. Fidèles et laborieux soldats nommés par les conseils d'administration des grandes entreprises, arrivistes popularisés par des médias parfaitement gérés, ils respectent sans douter les préceptes hiérarchiques dans lesquels ils baignent depuis toujours.

Suivis de près par une multitude de bénéficiaires dont, à ce niveau là, la richesse se mesure aux avantages particuliers: niches fiscales, logement de fonction, véhicule professionnel, frais de représentation, chauffeur, invitations, célébration médiatique, charge rémunérée, fonction protégée, sélection culturelle... sont autant de signes d'une société inégalitaire parfaitement acceptée par une majorité docile et résignée. J'ajoute à cette catégorie les profiteurs d'un système qu'ils dévoient: employeurs et employés "au noir", fraudeurs, voleurs, trafiquants, corrompus et corrupteurs, bref, tous ceux qui, de Cahuzac au délinquants des cités, trahissent le pacte social en se félicitant de leur adresse à le faire.

En-dessous surnagent de petits baigneurs replets, enchantés de n'être point dans la peine de se nourrir, de s'habiller et de se loger, ravis d'échapper à la misère qu'ils côtoient pourtant de près, et dont ils se rapprochent inexorablement en période de crise. Car c'est bien là que se trouvent les dernières ressources dont se gorgent les puissants lorsque paraît la menace économique. C'est ceux que les sociologues avertis nomment "la classe moyenne", la plus nombreuse et la plus naïvement désireuse à s'arracher à sa fonction, sans jamais y parvenir, objets d'une étroite surveillance des garde-chiourmes précédemment cités. Maintenus à la surface de la vie, ils ont tout à perdre, et s'effraient d'un rien: la crise, la dette, la délinquance, l'immigré, le sans-papier leur sont naturellement insupportables, et causes évidentes de tous leurs maux. Assez intelligents pour douter de tous les poncifs qu'"on" nous impose, ils admettent cependant qu'une voie médiane est garante d'équilibre, que la sagesse consiste à accepter et la sécurité à se conformer. Fatalement résignés, c'est à eux, majorité silencieuse, que s'adresse ce blog.

Enfin, c'est de misère dont on parle. Il n'y est plus question de débat, de lutte collective ou d'idéal. Il est question de manger, de violence et d'abri. Chaque jour est un combat, avec ses victoires et ses défaites. La maladie y est dramatique, le travail une aubaine. Cela, c'est en France, pour 8 millions de nos concitoyens, et ailleurs, c'est encore pire...

Beaucoup d'analystes envisagent la rupture d'un système capitaliste coupable de tous les excès, dont l'effondrement des banques serait le symptôme; et celles-ci ne cessent de prospérer. Les associations sociales et environnementales réalisent des exploits sans modifier le cours des choses; la contestation politique s'exprime crûment sans émouvoir les fabricants d'opinions publiques, ni les dirigeants; les média d'opinions contestataires n'ont plus d'influence, balayés par l'audio-visuel mono-pensant et réactionnaire. La justice elle-même a bien du mal à juger les puissants, faiseurs de lois, et défendus par les plus brillants avocats.

La situation serait sombre si je n'avais pas la certitude que deux mille quatorze, 100 ans après l'assassinat de Jean Jaurès, sera nécessairement l'année de la révolution. Enfin!


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