jeudi 4 avril 2013

Tout changer?

La prestation tranquille de Hollande sur France 2 le 28 mars 2013, en Père tranquille de la nation qui attend patiemment la fin de l'orage en promettant le beau temps prend un nouveau jour à la suite du cataclysme de défiance qui ravage le pays depuis les aveux de son ancien ministre du budget.

En effet, le départ de celui qui était chargé de l'orthodoxie financière du pays, mais le grugeait, change la donne. Depuis que l'artisan de la rigueur, soutenu jusqu'au bout par le PS, l'UMP et le gotha journalistique, fut pris la main dans le sac, le lien de confiance qui doit relier le citoyen à ses représentants est rompu. Celui qui exigeait des Français "moyens" de se serrer la ceinture pour financer un "pacte de compétitivité" et un "TSCG" dans la droite ligne du quinquennat précédent doit, pour se faire oublier sinon pardonner, laisser la place à une alternative "socialiste". Le changement, c'est maintenant.

La méthode qui consiste dans tous les pays européens à exercer la concurrence des pays émergents en pressurant les classes moyennes a fait partout la preuve de son échec par la récession et le chômage. La même méthode, qui impose à tous les Etats de réduire la sphère publique pour la confier au privé, et à imposer pour les institutions d'intérêt général (éducation, santé...) des méthodes de gestions issues des entreprises du Dow Jones dégrade le service rendu tout en en augmentant le prix (électricité, eau, transports publics...). L'exigence d'"orthodoxie financière" consistant à rembourser la dette publique au détriment des dépenses d'intérêt général et d'investissements d'avenir entraine tous les Etats dans la spirale infernale de l'appauvrissement et la précarité d'une majorité, dominée par une caste oligarchique toujours plus avide de privilèges. Les compromissions de la droite avec les milieux d'affaires, leur sport préféré consistant à amasser de l'argent le plus vite possible, ont été sanctionnées au deuxième tour des élections présidentielles, et risquent d'envoyer certains rejoindre Cahuzac.

Il faut rompre cette fatalité. C'est la "stratégie du choc" retournée contre le libéralisme. Cahuzac s'enfuit, couvert de honte et menacé de prison, et l'on continuerait comme avant? Son remplaçant est le même, formaté à l'obédience européenne, son ministre de tutelle est le même, "coupable" d'avoir voulu étrangler les petits déposants chypriotes et de l'avoir nié, le Premier Ministre est le même, qui est sans doute celui qui a le moins de choses à se reprocher dans cette affaire, et le Président ne toucherait pas aux commandes?

La position sera de plus en plus difficile à tenir. Il va devoir infléchir sa politique, et ses acteurs! Hollande saura-t-il, contre son penchant naturel, suivre la piste suggérée par la crapule qu'il vient de virer, et financer de vrais projets de solidarité en allant chercher l'argent soustrait au fisc français par l'évasion fiscale?




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