mardi 26 mars 2013

Propagande

Ce week-end s'est tenu le congrès du Parti de Gauche à Bordeaux. Objectif: "Dans le contexte politique et social actuel [...] montrer que les propositions portées par le PG sont possibles" affirme Martine Billard, co-présidente. Elle aurait pu dire "souhaitables", mais, dans tous les cas, ce message serait resté enfoui au fond du lac médiatique, agité par bien d'autres "informations".
Car dans une démocratie, la politique n'a d'existence que la couverture médiatique qu'elle suscite. Tel débat interne, tel vote parlementaire, telle orientation programmatique n'ont de sens que s'ils sont portés à la connaissance du public.

Symétriquement, les services politiques des médias poursuivent deux objectifs: l'un, explicite, est de "couvrir" l'information politique de l'instant en attirant par les sujets et la forme choisis une audience maximale; l'autre, moins connu, consiste à servir les orientations idéologiques de leur direction, ou, tout au moins, à ne pas les contredire.

C'est ainsi que, galvanisé par un public acquis à sa cause, et par l'actualité montrant un eurogroup décidé à dépecer l'Etat chypriote envers et contre sa représentation parlementaire, François Delapierre traite de "salopards" les ministres européens des finances, dont le ministre français, Pierre Moscovici.



Discours de François Delapierre - Congrès du... par lepartidegauche

Chacun jugera de l'opportunité de ce qualificatif, que le dictionnaire définit comme une "personne sans scrupule, dont la conduite est particulièrement vile. Synon. pop. salaud". Pour ma part, je trouve qu'il décrit précisément une grande partie de nos dirigeants politiques, de leurs courtisans et obligés.

En tous cas, les gratte-papiers et autres éditocrates avaient trouvé un angle merveilleux pour couvrir ce congrès: ils allaient pouvoir taper à la fois sur l'"extrême gauche" et sur le pouvoir en place, pendant que le FN manquait de peu la victoire d'une législative partielle dans l'Oise... Tout allait pour le mieux au pays de la pensée libérale, qui n'allait pas s'arrêter en si bon chemin.

En effet, samedi (23/3/2013), une dépêche de l’AFP déchaînait les médias qui reprochent l'antisémitisme de JL Mélenchon pour avoir dit que le ministre de l’Economie a « un comportement de quelqu’un qui ne pense pas français, qui pense finance internationale ». Relayée par les télés et les adversaires politiques du PG, PS et UMP compris, l'information truquée de l'AFP fait le buzz tout au long du week-end. Apres 24h de "condamnations sans appel", sur toutes les télés et par tous les partis, des propos prêtés à Mélenchon, l'AFP se fend d'un correctif, lundi 25/03 à 8h...


Mélenchon accusé d'antisémitisme : la vidéo qui... par LeHuffPost
 
Les protagonistes du buzz doivent se féliciter, chacun à sa façon, d'avoir su alerter l'opinion publique et pu démontrer sa légitime indignation.

Quant à nous autres spectateurs de cette farce pathétique, nous ne saurons rien de la stratégie du Front de Gauche pour les élections à venir, ni des méthodes autoritaires de l'Eurogroupe et de la lâcheté de son représentant français, mais nous aurons compris que le complexe politico-médiatique n'a pas grand chose à envier au militaro-industriel pour ce qui est de déformer la réalité et nous faire croire à n'importe quelle fable, du moment qu'elle sert leurs objectifs.

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