lundi 27 février 2012

Interview Mario Draghi (BCE)

Ceci est une traduction rapide et incomplète de l'interview qu'a donnée le Président de la Banque Centrale Européenne aux journalistes du Wall Street Journal le 22 février 2012, à propos des politiques d'austérité en Europe et plus particulièrement en Grèce.

C'est le jeu des 50 mensonges, cachés dans les lignes ci-dessous. A vous de les noter en commentaires...


Wall Street Journal: quelle est la situation en Grèce, jusqu'à ce que nous sachions si nous sommes à la résolution de mettre fin à toutes les résolutions?

Mario Draghi: Ce que je peux vous dire, c'est que sans cet accord [prêt de 130 €mds + effacement de 107 €mds de dette, ndt] la partie était finie. Cela pourrait donc être le début d'une nouvelle ère en Grèce, qui a désormais un plan de résolution de ses problèmes financiers. Maintenant, nous attendons de voir leur réalisation. Le gouvernement Grec a entrepris des modifications sérieuses de ses politiques fiscale et structurelles. Mais, il reste des risques, y compris des élections [législatives, ndlr] sans doute à venir. L'Eurogroup a fourni des éléments raisonnables de succès si ces mesures sont accomplies, et particulièrement les changements structurels.

On observe également que l’opinion publique Grecque réagit diversement, dans la mesure où ce qui leur arrive est douloureux, bien que nécessaire. La majorité du peuple Grec ne semble pas favorable au défaut de paiement, à l'inflation ou même à la sortie de l'Euro.

WSJ: Pensez-vous que la phase la plus aiguë de la crise soit derrière nous? Cela nous a frappé que l'annonce de cet accord n'a pas suscité l'enthousiasme des plans précédents.

MD: C'est très difficile d'affirmer que la crise est passée. Constatons plutôt les changements favorables de ces derniers mois. Les marché financiers sont mieux stabilisés. De nombreux gouvernements ont pris des décisions concernant leur assainissement budgétaire et les réformes structurelles. Nous avons un accord fiscal [MES?, ndt] par lequel les gouvernements commencent à déléguer leur souveraineté nationale pour l'intérêt commun. Le système bancaire semble moins fragile qu'il y a un an. Le marché des obligations a ré-ouvert.

Mais le redressement est très lent, et reste sujet à risques. J'ai moi-même été surpris par le peu d'engouement que l'accord a entrainé; cela signifie certainement que les marchés veulent attendre ses effets.

WSJ: Lorsque vous parlez de risque, considérez-vous la réaction de la rue, ou bien le manque de croissance en Grèce?

MD: au final, il s'agit du risque de non-réalisation. Certaines réformes visent à améliorer la compétitivité de la Grèce et à créer des emplois. D'autres prévoient un assainissement budgétaire radical. L'ensemble est très cohérent pour assurer le retour de la croissance, non sans passer par l'inévitable contraction économique.

WSJ: mais certains disent en Grèce que les conditions sont comparables à une grande dépression économique. Le PIB à plongé de 15 ou 16%. Comment voyez-vous de manière plus générale les mesures d'austérité dont l'unique but est le contrôle budgétaire.

MD: c'est une question générale qui s'adresse à toute l'Europe. Y-a-t-il une alternative à l'assainissement budgétaire? Dans nos textes institutionnels, le ratio dettes / PIB était trop élevé. Nous n'avions pas le choix, et nous admettons que cela entraine la récession à court terme. A l'avenir, interviendra ce que l'on appelle le "tunnel de la confiance" [????, ndt] qui relancera la croissance; mais cela ne se passera pas immédiatement, car il faut auparavant mettre en œuvre les réformes structurelles.

WSJ: l'austérité recouvre plusieurs aspect. Quels sont ses bons et ses mauvais côtés?

MD: dans le contexte européen, les taxes sont élevées mais les ressources peinent à subvenir aux dépenses publiques.
Une "bonne" réforme est celle qui induit moins de taxes, et concentre les dépenses sur les infrastructures et les autres investissements.
De "mauvaises" réformes sont les plus faciles à mettre en œuvre: il suffit d'augmenter les impôts et de réduire les dépenses d'investissements. Mais cette recette empêche tout retour de croissance.

WSJ: quelles sont pour vous les plus importantes réformes structurelles?

MD: c'est tout d'abord la réforme du marché des produits et services. La seconde est celle de l'emploi, qui prend différents visages selon les pays. Dans certains pays, il s'agit de rendre le marché plus flexible et plus juste qu'aujourd'hui; dans ceux-ci, le marché de l'emploi est déséquilibré: trop précaire pour les jeunes, trop rigide dans le cas des salariés plus âgés, dont les salaires ont augmenté avec leur ancienneté, plus rapidement que leur productivité. D'une certaine manière, c'est une injustice puisque toute la flexibilité est supportée par les plus jeunes.

WSJ: pensez-vous que le modèle social sur lequel est fondée l'Europe est en train de disparaître?

MD: au vu du chômage qui atteint la jeunesse de certains pays, il a déjà disparu. C'est pourquoi les réformes sont indispensables, pour faire reculer le chômage, surtout chez les jeunes, et pour faciliter les dépenses et la consommation.

WSJ: un emploi pour la vie...

MD: il y a un certain temps, l'économiste Rudi Dombush disait que l'Europe était si riche, qu'elle pouvait se permettre de payer les gens à ne rien faire. Ce temps est terminé.

WSJ: en Grèce, beaucoup d'objectifs quantitatifs ont été fixés. Es-ce que des pays comme le Portugal ou l'Espagne devront être contrôlés aussi précisément?

MD: il n'y a pas de compromis possible entre réformes et résultats. L'assainissement budgétaire est inévitable, et les réformes structurelles prennent du temps. Faire marche arrière sur lesobjectifs fiscaux provoquerait une réaction négative immédiate des marchés. Les taux d'intérêts augmenteraient. Nous avons déjà éprouvé tout ceci.

WSJ: pensez-vous que le Portugal requérira un nouveau plan?

MD: non, nous pensons que le programme suit correctement son cours.

[...]

WSJ: il semblerait que le crédit soit asséché en Espagne, en Italie et ailleurs...

MD: la dernière étude des prêts bancaires a été conduite entre la décision du LTRO [??, ndt] et son exécution. Elle ne donne qu'une image partielle de ce qui se passe, et elle n'est pas bonne. Le marché du crédit en euro est tendu, avec des intensité différentes, plus importantes dans le sud. Nous devons nous interroger sur les causes de ce phénomène. L'attribution du LTRO était de € 490 mds en décembre 2011.

Avant le LTRO, le retour de liquidités court terme du système bancaire était de € 280 milliards, de sorte que l'injection nette a été de seulement € 210 milliards. Et les obligations venant à échéance dans le premier trimestre étaient également de € 210 milliards. Par conséquent, il est probable que les banques aient simplement racheté leurs propres obligations. Nous avons ainsi évité une contraction du crédit encore pire.

[là, je sèche un peu. questions et réponses portent sur des considérations financières que je ne maitrise pas. Je reprends donc plus loin, ndt]

WSJ: vue de l'extérieur, malgré sa richesse et les innombrables sommets de crise, l'Europe semble peiner à trouver des solutions, et a dû faire appel trois fois au FMI. Que dites-vous à ceux qui craignent que le risque de la zone euro ne soit pas sous contrôle?

MD: je ne décrirais pas la situation de cette manière négative. Beaucoup de choses ont été mises en place pendant ces derniers 18 mois. Il y a beaucoup de différences entre les pays de l'UE, ceux qui ont une dette élevée et une croissance faible, ceux qui ont une croissance forte et des dettes raisonnables; ceci pose la question de notre avenir, sachant que nous ne sommes pas une union fiscale. Nous n'acceptons pas un système où chacun dépense ce qu'il veut, et demande aux autres de résoudre ses problèmes de dette. Avant d'envisager une union fiscale, chacun doit montrer qu'il maîtrise sa propre gestion, afin de créer de la confiance mutuelle. Dans ce sens, le TSCG est un accord politique majeur, premier pas vers une intégration fiscale. Par le TSCG, les pays acceptent des règles budgétaires très strictes, inscrites dans leur constitution, et contrôlées en permanence, de façon à rendre difficile toute modification. Ce n'est que le début.

WSJ: cela fait quatre mois que vous dirigez la BCE. Avez-vous été surpris par quoi que ce soit? Regrettez-vous vos nouvelles responsabilités?

MD: Non, pas du tout.  J'ai été membre du Conseil des Gouverneurs pendant six ans. Pour moi, la nouveauté consiste à mener cette énorme machine qu'est la BCE. Mais pour la politique monétaire et les questions afférentes, j'avais déjà une certaine expérience auparavant, parce que nous partagions les décisions prises par le passé.

WSJ: vous n'avez pas chômé pendant ces premiers mois. La BCE peut-elle faire encore plus pour la stabilité financière  et la croissance économique? Le maximum a-t-il été fait?

MD: ce que je vais dire n'implique rien de ce qui concerne la politique monétaire à venir. Dans le cadre de son mandat, la BCE fera de son mieux pour assurer la stabilité des prix à moyen terme et pour stimuler la stabilité financière.

WSJ: quelle est la première statistique que vous consultez le matin?

MD: les cours de bourse.

WSJ: vérifiez-vous les taux de change de l'euro?

MD: pas tôt le matin.



1 commentaire:

  1. Triste sir.Que dirait le Petit Prince de saint Exupery à ce bankster?

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