mercredi 8 février 2012

Debout, à Villeurbanne!


Mardi, 16h, dans un petit village au nord du Lac du Bourget. Je prépare quelques sandwiches, de l'eau et des fruits, car ce soir je me rends à Villeurbanne pour assister "en vrai" à mon premier meeting du Front de Gauche; c'est aussi la première réunion politique à laquelle j'assiste: j'ai eu 18 ans en 1981, et n'ai guère eu, de toute ma vie adulte, la possibilité de me rendre à un meeting de gauche... Ce sera donc celui-ci. Enfin!

Le froid qui a sévi en Savoie ces derniers jours a contrarié le démarrage de ma voiture pourtant taillée pour le Grand Nord, hier et avant hier. Heureusement, elle ne rechigne pas à m'emmener ce soir au Parc des Expositions de Chambéry où j'ai rendez-vous à 18h avec mon amie Béa et le bus affrété par le Front de Gauche.

Béa m'attend déjà, engoncée dans une veste de montagne rutilante et trop grande; ses yeux rieurs apparaissent à peine sous son bonnet vissé sur la tête; le froid est saisissant; elle s'est échappée de son travail plus tôt que d'habitude, avec la complicité d'une de ses collègues, éducatrice comme elle dans un centre de vie pour personnes atteintes de handicap mental.

Dans le bus, nous retrouvons Jean-Claude, notre chauffeur, ainsi que Jacques et sa compagne, deux militants "historiques" du Parti Communiste Français, ainsi qu'un jeune couple assis près de nous. Jean-Claude attend le bus qui vient d'Albertville, et encaisse nos contributions aux frais de transport "selon nos moyens". Ce n'est qu’à 18h40 que nos 3 bus savoyards se dirigent enfin vers Villeurbanne. Bientôt, Béa s'endort, fatiguée de sa longue journée de travail, allongée des 2 heures de trajet en voiture...

Après quelques hésitations de Jean-Claude sur la meilleure façon d'y accéder, nous arrivons au "Double-Mixte" de Villeurbanne seulement quelques minutes avant 20h; une foule compacte se presse devant les portes fermées; nous patientons une dizaine de minutes dans un froid toujours intense, avant qu'elles ne s'ouvrent de nouveau.

La salle "du haut" est complète... Un peu d'incruste auprès du service d'ordre, au prétexte d'amis nous attendant, n'y fera rien! Nous ne verrons pas notre candidat ce soir! Nous sommes donc cordialement invités à passer en soute! A l’étage inférieur, de grands écrans retransmettent les images du pont supérieur! Le Front de Gauche invente donc ce soir le meeting en "duplex", comme s'amusera à le souligner un peu plus tard JL Mélenchon.

Nous nous faufilons en direction des grands écrans, jusqu’à une trentaine de mètres, où la foule des "soutiers" , debout, nous arrête par sa densité. L'air est tiède, la chaleur humaine intense, et je comprends soudain pourquoi je suis ici. Par notre nombre, nous indiquons notre soutien à un combat légitime, et donc vital; nous saluons l'immense travail produit par l’équipe de campagne; nous témoignons nos espoirs de victoire des idées justes; nous en validons la possible occurrence, nonobstant les sondages.
L'animatrice de la soirée, qui suit tous les meetings, affirme que nous sommes proches de 8000, tous niveaux confondus; 10000 indiquent les informations proches des services de police; plus 4000 internautes; plus les spectateurs de BFM TV et de i-télé... Le public est en place, déjà attentif. Les discours peuvent commencer!

Avec en ouverture celui de Danielle Obono, dont les fréquentes dénonciations de Sarkozy sont systématiquement saluées de huées sonores et bientôt trébuchantes; intervient ensuite Pierre Laurent, nous exhortant à la mobilisation. En l’écoutant, j’apprécie son discours posé et précis, concret et militant. Il nous parle aussi de l'Allemagne, de l'Europe, dénonçant l'image déformée que nous en donnent Sarkozy et Merkel. A l'appel à la "RESISTANCE" scandé par la foule, Jean-Luc Melenchon s'approche du pupitre, visiblement impressionné par le nombre de ceux venus l’écouter ce soir. Comme à son habitude, il nous dispense successivement un cours de droit du travail concernant la loi, les conventions collectives et les contrats de travail, un autre sur le programme de Marine Le Pen qui nous vaut entre autres un bel éloge du féminisme, un troisième sur le déni permanent de démocratie au sein des institutions européennes... Il raille le lipdub du Parti Socialiste... et conclut par une page des Misérables de V. Hugo! Le "concurrent" Hollande propose de redresser la France; Mélenchon poursuit sa mission de redressement des consciences et d'élèvement des âmes, avec persévérance et humour. Le candidat tiendra de nouveau conférence à Montpellier demain. Bravo l'artiste.

La salle s’éclaire; et l'on découvre ceux qui appuyèrent de leurs applaudissements sonores l'appel à la régularisation des sans papiers, de jolies filles, ou bien le couple d'une soixantaine d’année qui ne finissait pas de s'embrasser pendant tout le meeting... La foule reflue peu à peu vers les portes de sorties; pour financer la campagne, des urnes appellent aux dons citoyens; les sourires témoignent du plaisir d’être là, nombreux et rassemblés dans un élan commun, un peu de fierté retrouvée.

Nous retrouvons nos nouveaux amis du bus No 3 conduit par Jean-Claude; la discussion est chaleureuse, passionnée; rendez-vous est pris à la prochaine assemblée citoyenne autour de la transition écologique; arrivée des bus vers 0h15 à Chambéry; à 1h, j'arrive chez moi. Il est l'heure d’écrire ce billet. "Debout" en sera le titre, en mémoire d'une soirée sans chaise, mais surtout en hommage à la campagne du Front de Gauche qui, en fêtant sa victoire du 22 avril 2012, consacrera le redressement d'un peuple en marche vers son destin, et qui ne lâchera rien.

1 commentaire:

  1. tout simplement superbe et j'ai hate d'assister à mon premier meeting! Résistance!

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